On constate fréquemment des subventions croisées entre l’activité voix et l’activité data des opérateurs exerçant sur un marché prépayé (où les consommations sont facturées au volume). Ces subventions croisées naissent de profits importants provenant d’une tarification de la voix issue de son évolution « historique », sans rapport avec la chute drastique du coût d’acheminement d’une minute téléphonique sur un réseau IP qui est désormais la règle. La voix, qui ne représente plus que 1 ou 2% du volume data écoulé sur un réseau, génère encore de 50 à 70% des recettes des opérateurs ayant réussi à maintenir cet écart entre le tarif facturé et le coût supporté. Si cette rente est utilisée pour subventionner le trafic data à travers une baisse rapide de ses tarifs (évidemment plébiscitée par les marchés et les politiques), la pression concurrentielle exercée sur les opérateurs dont la stratégie privilégie le trafic data (à travers des réseaux 4G ou 5G par exemple) et qui ne disposent pas d’un niveau de rente équivalent sur la voix, peut s’avérer destructrice. On est en présence d’une situation de marché sur laquelle peuvent s’exercer des stratégies qui peuvent être sans doute qualifiées de prédatrices, parfois favorisées par la régulation.

Arbitrage tarifaire voix-data